1/15/2009

CITAAT (ETIENNE KLEIN)


Car, au fond, les sciences ne traitent vraiment bien que des questions...scientifiques. Or celles-ci ne recouvrent pas l'ensemble des questions qui se posent à nous. Du coup, l'universel que les sciences mettent au jour est par essence incomplet. Il n'aide guère à trancher les questions qui restent en dehors de leur champ. En particulier, il ne permet pas de mieux penser l'amour, la liberté, la justice, les valeurs en général, le sens qu'il convient d'accorder à nos vies. Par exemple, le fait de savoir de façon certaine qu'il y a dans chaque atome le même nombre de particules de charge positive que de particules de charge négative ne nous indique guère quel usage nous devrions faire de la parité en politique. L'universel que produisent les sciences ne définit pas davantage la vie telle que nous aimerions ou devrions la vivre, ni ne renseigne sur le sens d'une existence humaine: Comment vivre ensemble ? Comment se tenir droit et au nom de quoi le faire ? De telles questions sont certes éclairées par la science, et même modifiées par elle - un homme qui sait que son espèce n'a pas cessé d'évoluer et que l'univers est vieux de 13.7 milliards d'années ne pense pas de la même façon qu'un autre qui croit dur comme fer qu'il a été créé tel quel en six jours dans un univers qui n'aurait que six mille ans -, mais leur résolution se fait au-delà de son horizon.


Etienne Klein: Galilée et les Indiens, Café Voltaire Flammarion, 2008

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