'Sophie Taeuber passa avec moi les deux dernières années de sa vie dans le Midi de la France, à Grasse. Elle était amoureuse de ce pays. C'était son paradis terrestre. Elle rayonnait de bonheur durant nos promenades. Elle me poussait sans cesse à de nouvelles promenades. Ses yeux ne quittaient pas les bois d'oliviers au vert argenté, les silhouettes méditatives des bergers dans les montagnes, le bouclier scintillant, éblouissant de la mer. Nous habitions entre une source, un cimetière, un écho et une cloche. Dans notre jardin poussaient un palmier et des oliviers. Le feuillage du palmier se mettait-il à bruire, nous avions de la pluie. Les oliviers étaient sans cesse animés d'un frissonnement presque imperceptible; chaque jour était plus que le précédent riche de lumière et de bonheur, et Sophie rivalisait avec eux.
Sa clarté intérieure frappait tous ceux qui la rencontrèrent alors. Elle s'épanouissait comme une fleur dont le déclin approche. L'intériorité lumineuse de son être apportait à ceux qui souffraient protection et réconfort. Elle puisait dans sa pureté le courage de supporter avec confiance l'immense malheur de la France. Elle répand dans ses toiles une admirable clarté. Du fond de la souffrance la plus intense, des sphères fleuries jaillissent. Des profondeurs et des hauteurs, des rayons montent et descendent en une vaste ronde colorée. Perdue, enivrée, elle trace des lignes, de longues courbes, des spirales, des cercles, des routes qui serpentent à travers la réalité et le rêve. Elle peint ses derniers cercles chantant. Dans la tourelle où elle a sa chambre, elle travaille avec ardeur. Son fin profil approbateur se baisse et se lève devant la mer lointaine. La veille de notre départ de Grasse, elle met soigneusement en ordre ses instruments et pose avec précaution ses toiles contre le mur pour les faire sécher, contente comme après un beau jour.
Elle fut toujours prête à recevoir avec calme la clarté ou l'ombre. Elle fut sereine, lumineuse, véridique, précise, claire, incorruptible. Elle ouvrit cette vie à des ciels de lumière.'
(uit Jours effeuillés van Jean Arp)
Sophie Taeuber (Davos 1889 - Zürich 1943). Zij genoot een opleiding in de toegepaste kunsten. Vanaf 1915 maakte zij geometrische, orthogonale vlakkencomposities. Ze leert Hans (Jean) Arp kennen. Van 1916 tot 1926 geeft ze les in textieldesign te Zürich. Inmiddels volgt ze ook een dansopleiding bij Von Laban. Vanaf 1916 tot 1919 neemt ze deel aan de dadaïstische manifestaties, o.a. met gemaskerde dansen. Vanaf 1928 leefde zij met Hans Arp in Meudon nabij Parijs. Met Arp en Theo van Doesburg werkt ze aan het interieur van Café Aubette te Straatsburg . Vanaf 1934 domineren kromme lijnen in haar werk. In 1940 verlaat het echtpaar Arp Meudon en komen ze via Nérac (Dordogne) en Veyrier (Savoy) in Grasse. In 1942 keren ze naar Zürich terug. In januari 1943 overlijdt Sophie Taeuber ten gevolge van kacheluitwasemingen.
Sa clarté intérieure frappait tous ceux qui la rencontrèrent alors. Elle s'épanouissait comme une fleur dont le déclin approche. L'intériorité lumineuse de son être apportait à ceux qui souffraient protection et réconfort. Elle puisait dans sa pureté le courage de supporter avec confiance l'immense malheur de la France. Elle répand dans ses toiles une admirable clarté. Du fond de la souffrance la plus intense, des sphères fleuries jaillissent. Des profondeurs et des hauteurs, des rayons montent et descendent en une vaste ronde colorée. Perdue, enivrée, elle trace des lignes, de longues courbes, des spirales, des cercles, des routes qui serpentent à travers la réalité et le rêve. Elle peint ses derniers cercles chantant. Dans la tourelle où elle a sa chambre, elle travaille avec ardeur. Son fin profil approbateur se baisse et se lève devant la mer lointaine. La veille de notre départ de Grasse, elle met soigneusement en ordre ses instruments et pose avec précaution ses toiles contre le mur pour les faire sécher, contente comme après un beau jour.
Elle fut toujours prête à recevoir avec calme la clarté ou l'ombre. Elle fut sereine, lumineuse, véridique, précise, claire, incorruptible. Elle ouvrit cette vie à des ciels de lumière.'
(uit Jours effeuillés van Jean Arp)
Sophie Taeuber (Davos 1889 - Zürich 1943). Zij genoot een opleiding in de toegepaste kunsten. Vanaf 1915 maakte zij geometrische, orthogonale vlakkencomposities. Ze leert Hans (Jean) Arp kennen. Van 1916 tot 1926 geeft ze les in textieldesign te Zürich. Inmiddels volgt ze ook een dansopleiding bij Von Laban. Vanaf 1916 tot 1919 neemt ze deel aan de dadaïstische manifestaties, o.a. met gemaskerde dansen. Vanaf 1928 leefde zij met Hans Arp in Meudon nabij Parijs. Met Arp en Theo van Doesburg werkt ze aan het interieur van Café Aubette te Straatsburg . Vanaf 1934 domineren kromme lijnen in haar werk. In 1940 verlaat het echtpaar Arp Meudon en komen ze via Nérac (Dordogne) en Veyrier (Savoy) in Grasse. In 1942 keren ze naar Zürich terug. In januari 1943 overlijdt Sophie Taeuber ten gevolge van kacheluitwasemingen.
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